EXPO: Sick Architecture
Il existe des rapports étroits entre architecture et maladie. Le discours architectural se fraie toujours un chemin à travers les théories du corps et de l’esprit, faisant de l’architecte une sorte de médecin et du client un patient. Depuis des milliers d’années, l’architecture est décrite à la fois comme une forme de prévention et comme un remède. Avec « Sick Architecture », le CIVA et la commissaire invitée Beatriz Colomina (Université de Princeton) mettent en lumière une thématique qui s’est retrouvée au centre de nos existences depuis l’avènement de la pandémie de COVID-19.
standard : 10€
jeunes (-26 ans) I demandeurs d'emploi I seniors (+65 ans) : 5€
enfants (-18 ans) I museumpassmusées I Brussels Card I Subbacultcha members I presse I ICOM : gratuit
paspartoe : 2€ // article 27 : 1,25€
La santé serait le but premier de l’architecte, comme Vitruve le soulignait déjà au premier siècle avant Jésus-Christ. Pourtant, l’architecture est souvent aussi perçue comme cause de maladie – depuis l’usage de matériaux toxiques dans la construction jusqu’au syndrome du bâtiment malsain. L’architecture elle-même est tombée malade.
A chaque époque et à chaque affliction correspond une architecture spécifique. L’époque des maladies bactériennes, de la tuberculose en particulier, a donné naissance à l’architecture moderne dans les premières décennies du XXe siècle, à des bâtiments blancs détachés du « sol humide où couve la maladie », comme le disait Le Corbusier. Durant l’après-guerre, l’attention s’est déplacée vers les problèmes psychologiques. L’architecte a souvent été vu comme une sorte de psy, et la maison pas seulement comme un dispositif médical de prévention de la maladie, mais aussi comme un espace procurant un confort psychologique ou, comme le disait Richard Neutra, de « santé nerveuse ». Le XXIe siècle est l’âge des troubles neurologiques, avec la dépression, le trouble déficitaire de l’attention, les troubles bipolaires, le syndrome du burn-out, les allergies et l’hypersensibilité environnementale comme facteurs définissant l’expérience contemporaine de l’architecture et de l’environnement bâti.
En attendant, les pandémies sont de retour. L’épidémie de COVID-19 est en train de refaçonner complètement l’architecture et l’urbanisme. Le virus a mis en évidence les injustices structurelles en matière de race, de classe et de genre, provoquant un appel à la transformation sociale et peut-être à une révolution architecturale.
L’exposition élargit le cadre historique et conceptuel des discussions, avec des éléments d’analyse qui couvrent un spectre allant de l’architecture historique de la quarantaine à Ellis Island et à l’ancien lazaret de Venise jusqu’à l’architecture moderne d’Aino et Alvar Aalto et d’Henri Lacoste, en passant par les expérimentations d’Hans Hollein et de la Coop Himmelb(l)au dans les années 1960. Enfin, « Sick Architecture » s’attardera sur les réalisations de figures contemporaines de l’architecture (51N4E, Elizabeth Diller, architecten jan de vylder inge vinck, Andrés Jaque) et les propositions et œuvres d’artistes tels que Sammy Baloji, Mohammed Bourouissa, Vivian Caccuri, Goldin+Senneby et Ahmet Öğüt.
L’exposition s’accompagne d’une série de publications en ligne sur e-flux Architecture, dont la première partie est parue en 2020 et dont la seconde partie paraîtra au moment de l’ouverture de l’exposition en mai. Y contribuent, les auteurs suivants : Gideon Boie, Edna Bonhomme, David Gissen, Brooke Holmes, Fabiola Lopez-Duran, Elizabeth Povinelli, Meredith TenHoor et Mark Wigley, ainsi que de nombreux doctorants de la Princeton University qui participent depuis 2019 aux séminaires de Beatriz Colomina consacrés aux liens entre architecture et maladie.
Le 6 mai, les « Sick Architecture Talks » auront lieu de 14 à 21 heures au CIVA, avec des exposés de plus de 20 architectes, artistes, écrivains et scientifiques. L’évènement, animé par le rédacteur en chef adjoint d’e-flux Architecture, Nick Axel, sera également diffusé en direct sur e-flux Live.
Contributions à l'exposition : 51N4E, Aino & Alvar Aalto, An Tairan, Andrea Bagnato, Sammy Baloji, Franco Basaglia, Eugène Beaudouin / Marcel Lods, Victoria Bergbauer, Anna Bokov, Mohamed Bourouissa, Angela Brown / Jorge González, Ibiayi Briggs, Gaston Brunfaut, Holly Bushman, Victoria Bugge Øye, Burokade Architects, Vivian Caccuri, Susana Calò / Godofredo Pereira, Center for Independent Living, Irene Cheng / Brett Snyder / David Gissen, Coop Himmelb(l)au, Simon De Nys-Ketels, Marie de Testa, architecten jan de vylder inge vinck / Gideon Boie / Filip Dujardin, Elizabeth Diller, dRMM, André Farde / Jean Saidman, Clemens Finkelstein, Dante Furioso, Ignacio G. Galán, Goldin+Senneby, Paul Hankar, Josef Hoffmann, Hans Hollein, Victor Horta, Lydia Inber, Stanislas Jasinski, Andrés Jaque, Charles Jencks, Angelika Joseph, Rebecca Kellawan, Maggie Keswick Jencks, Henri Lacoste, Le Corbusier, Fabiola Lopez Duran / Ana-Maria Tavares, Ivan Lopez Munuera + Alicia Buades, Miralles Tagliabue EMBT, Jacques Moeschal, László Moholy-Nagy, Jean Mouigneau, Richard Neutra, Ahmet Öğüt, Kara Plaxa, Michel Polak, Philippe Rahm, Fabien Roy, Guillermo Sánchez Arsuaga, Alexandra Sastrawati, Giuseppina Scavuzzo, Shivani Shedde, René Schoentjes, Maxwell Smith-Holmes, Nicole Sonolet, Iason Stathatos, Meredith TenHoor, Ludwig Mies van der Rohe, Jeremy Lee Wolin, VOET, Chenchen Yan, Zhongguo Jianzhu
Conception Beatriz Colomina (curatrice invitée, Princeton University), Silvia Franceschini (curatrice CIVA), Nikolaus Hirsch (directeur artistique CIVA)
Assistante-curatrice Minne De Meyer Engelbeen (CIVA)
Architecture de l’exposition OFFICE Kersten Geers David Van Severen & Richard Venlet
Collaboration CIVA, Princeton University Ph.D Program in the History and Theory of Architecture et e-flux Architecture