Cet été, la Fondation CIVA pose un regard unique sur un demi-siècle de planification urbaine à Bruxelles. Deux expositions abordent, chacune à leur manière, l’évolution de l’urbanisme, de l’architecture et du respect (absent) pour l’héritage urbain et le patrimoine dans la ville : Save | Change the City – Unbuilt Brussels #01 se concentre sur l’époque de la bruxellisation, pendant laquelle les promoteurs et les politiques avaient comme unique objectif la création de ‘l’architecture moderne’. Corporate Arcadia met en évidence l’architecture des années 1990 et 2000 à Bruxelles … et la manière dont elle a façonné la ville d’aujourd’hui.
Adultes: 10€
Tarif de groupe: 8€
Etudiants & seniors: 5€
-18 ans: gratuit
L’expropriation des habitants du quartier des Marolles pour faire place à l’agrandissement du Palais de justice, les Halles Centrales qui doivent céder leur place à un nouveau parking (le Parking 58, vous connaissez?), l’idée absurde de l’autostrade urbaine, la destruction de la Maison du Peuple de Victor Horta, le plan Manhattan qui transforme le quartier Nord résidentiel en un quartier d’affaires à la façon américaine : dans les années 1950 et 1960 la bruxellisation fait des dégâts. Bruxelles ressemble à une ville en destruction dans une période sans guerre. La ville est livrée aux promoteurs. Des quartiers entiers sont détruits. Les habitants sont expropriés. Et ceci avec le soutien du gouvernement. La philosophie ? La ‘modernisation nécessaire’ de la ville.
Mais la résistance s’organise. Les premiers comités de quartier naissent et le peuple se révolte. Les soixante-huitards ont un objectif clair. Deux associations voient le jour : les Archives d’Architecture Moderne et Sint-Lukasarchief. Elles défendent les intérêts des Bruxellois, l’héritage urbain, l’architecture et le patrimoine. En 2017, elles sont regroupées au sein de la Fondation CIVA.
L’exposition Save | Change the City retrace leurs luttes contre la bruxellisation et les alternatives proposées pour rendre la ville vivable. Une ville qui respecte ses citoyens, son architecture et son patrimoine. Leurs armes principales : constituer des archives. Le patrimoine est inventorié, des études sont menées – sur l’importance de Victor Horta et l’art nouveau par exemple –, des bibliothèques voient le jour et des expositions sont organisées. Cela pour compenser le manque de vision des promoteurs et du gouvernement quant à l’aménagement urbain et leur manque de respect du patrimoine.
L’exposition montre d’une part l’incroyable richesse des Archives d’Architecture Moderne et de Sint-Lukasarchief : des centaines de plans originaux, des contre-projets pour des quartiers, des rues, des bâtiments, des affiches de protestation, des manifestes… D’autre part, le visiteur est replongé dans cette époque grâce aux archives d’images de la VRT/RTB et aux reportages des années 1960 et 1970 qui donnent la parole aux Bruxellois. Les visiteurs, jeunes et moins jeunes, (re)découvrent Bruxelles et son passé et l’impact que ce changement de ‘vision’ a eu sur la ville et ses habitants.
Save | Change the City montre une version de Bruxelles qui a existé… mais qui n’existe plus. Une version de Bruxelles qu’on a partiellement pu sauver. Et une version de la ville telle qu’elle aurait pu être. En cela, elle s’intègre parfaitement à une nouvelle série d’expositions proposée par le CIVA, intitulée Unbuilt Brussels, qui montre une ville pensée… mais jamais construite.
Dans le cadre de l’exposition, la Fondation CIVA organise chaque jeudi soir des visites guidées. En compagnie par exemple du maître-architecte Kristiaan Borret ou encore de Maurice Culot, fondateur des Archives d’Architecture Moderne, le visiteur découvre Bruxelles, une ville que leurs guides ont connue, qu’ils ont vu changer… où dont ils ont rêvé. L’exposition est leur fil conducteur.