Debora Silverman (COMPLET)

Image à gauche: Carte de l'expansion État Indépendant du Congo, 1895, Mouvement Geographique. Image à droite : Charles Van der Stappen, Mysterious Sphinx, 1897<br> © Koninklijke Musea voor Kunst en Geschiedenis, Brussel
Image à gauche: Carte de l'expansion État Indépendant du Congo, 1895, Mouvement Geographique. Image à droite : Charles Van der Stappen, Mysterious Sphinx, 1897
© Koninklijke Musea voor Kunst en Geschiedenis, Brussel

Style Congo, "Art nouveau, art sombre" : Réflexions sur la récupération du modernisme impérial belge

Dans sa conférence, Debora Silverman, l’éminente professeure d’Histoire et d’Histoire de l’Art à l’UCLA de Los Angeles, revient sur les publications qui apportent un ancrage historique à l’exposition Style Congo. Heritage & Heresy.

« Ma série d’articles explorait l’Art nouveau belge – surnommé style « coup de fouet » – en tant que style de nature spécifiquement congolaise, créé à partir de matières premières du Congo et s’inspirant de motifs congolais. La première partie de la conférence identifie les sources érudites et les évènements politiques qui ont façonné ma réflexion lorsque j’en suis venue à définir le « modernisme impérial » de la Belgique dans les années 1890. La deuxième partie insiste sur l’importance de faire la distinction entre « impérialisme » et « colonialisme », en mettant en lumière la particularité de l’État indépendant du Congo (1885-1908) en tant que lointain empire d’entreprise d’extraction et son impact sur l’Art nouveau belge. Le cœur de l’exposé propose un examen attentif de deux exemples du Style Congo en 1897 : la « salle des exportations » d’Henry Van de Velde à l’Exposition internationale de Bruxelles/Tervuren et l’exubérante demeure du Secrétaire d’État du Congo, Edmond Van Eetvelde, signée Victor Horta.

La conférence s’achève en mettant une nouvelle fois l’accent sur la décolonisation en tant que processus d’iconoclasme et de fouille : le déboulonnage des statues et la récupération des traces du Congo nécessite également que l’on creuse et mette au jour les structures historiques plus profondes et les nœuds d’étranglement. Je conclus par un cas exemplaire de passage du naufrage à la récupération et à la régénération avec la statue de Sammy Baloji The long hand sur les bords de l’Escaut. »

Debora Silverman

Dates
Mardi, 25 avril, 2023
Heures
19:00
Langue(s)
EN
Lieu
CIVA, Rue de l'Ermitage 55, 1050 Bruxelles
Coproduction
KANAL - Centre Pompidou / Living Traces & Twenty Nine Studio. Avec le support de Brussels 2030.
Documents

Debora Silverman est professeur distingué d’histoire et d’histoire de l’art à UCLA, où elle détient la chaire présidentielle de l’Université de Californie en histoire, art et culture. Plusieurs de ses livres ont été couronnés de prix littéraires, y compris Selling Culture: Bloomingdale’s, Diana Vreeland, and the Aristocracy of Taste in Reagan’s America ; Art Nouveau in Fin-de-Siècle France: Politics, Psychology, and Style ; et Van Gogh and Gauguin: The Search for Sacred Art. De récents ouvrages du professeur Silverman explorent la frise de mosaïques en marbre de Gustav Klimt au Palais Stoclet ; la peinture post-coloniale de l’artiste afro-américain Meleko Mokgosi ; « Black Lives Matter » en Belgique ; l’impact de l’État indépendant du Congo sur le modernisme fin-de-siècle belge ; le « style coup-de-fouet » de l’Art Nouveau en tant que « Style Congo » ; et l’histoire et la politique de la mémoire du Musée royal de l’Afrique centrale (AfricaMuseum) à Tervuren. Elle va bientôt achever deux livres sur l’Art Nouveau belge en tant que « modernisme impérialiste » : Art of Darkness et ‘Modernity Without Borders’: Politics, Congo, and the Avant-Garde in King Leopold II’s Belgium.